L’IBB dépose une plainte auprès de l’UNESCO, sur fond de protestations des travailleurs

16 March 2020 10:21



L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) est chargée d’un vaste portefeuille de responsabilités, parmi lesquelles les sites du patrimoine mondial. Le site archéologique d’Angkor au Cambodge est l’un d’entre eux. Les ouvriers employés à la restauration du temple du Mebon occidental ont organisé ce jour une manifestation devant les locaux de l’École Française d’Extrême-Orient (EFEO) – qui les employait précédemment – au sujet du Parc archéologique de l’UNESCO à Angkor, exigeant la fin de l’impasse qui les empêche, depuis près de deux ans maintenant, de travailler.


Dans le même temps, l’IBB a déposé une plainte auprès de l’UNESCO accusant l’agence du gouvernement cambodgien chargée de la gestion du site, l’APSARA, d’avoir violé le droit de liberté syndicale des ouvriers.


« Les ruines présentes sur le site archéologique d’Angkor sont considérées comme la huitième merveille du monde et le travail des ouvriers qualifiés chargés de leur restauration permet au Cambodge d’engranger des revenus conséquents, » a déclaré Ambet Yuson, Secrétaire général de l’IBB. « En déposant cette plainte, l’IBB affiche clairement sa solidarité à l’endroit des travailleurs du temple du Mebon occidental et appelle l’UNESCO à faire respecter les droits de l’homme. »


Les ouvriers, qui sont membres de la Building and Wood Workers Trade Union Federation of Cambodia (BWTUC, fédération syndicale des travailleurs du bâtiment et du bois), ont négocié en 2013 une convention collective qui s’est traduite par une amélioration concrète de leur rémunération ainsi que de leurs conditions de travail. Au cours de cette période, le projet a bénéficié du soutien financier du gouvernement français.


Cet accord a été honoré par les parties jusqu’en février 2018, date à laquelle la BWTUC a été informée du transfert de la gestion du site monumental d’Angkor, jusqu’ici confiée à l’École Française d’Extrême-Orient (EFEO), passant aux mains de l’APSARA, l’agence du gouvernement cambodgien chargée de la protection du site et de l’aménagement de la région d’Angkor.


« Les travailleurs du Mebon occidental ont appris que le travail sur le site serait désormais régi par des contrats individuels, assortis d’une diminution de salaire de 20 à 65 pour cent et d’autres conditions moins avantageuses, » a déclaré le Président par intérim de la BWTUC, Chhlonh sou. « Les travailleurs ont eu le courage de rejeter cet accord, et ils exercent depuis des pressions afin que l’APSARA assure le respect de leurs droits fondamentaux. »


En 2019, l’APSARA avait envoyé des travailleurs non qualifiés sur le chantier afin de poursuivre le travail des ouvriers employés à la restauration du site. Le Président du syndicat de travailleurs du Mebon occidental Chin Sophal a fait part de l’inquiétude de son syndicat quant au fait que les travailleurs non qualifiés pourraient endommager des objets culturels et historiques irremplaçables sur ce site.


« Nous travaillons ici à Angkor depuis des décennies, mais ces nouveaux travailleurs n’ont pas l’expérience requise, » a déclaré Sophal. « Ce ne sont pas uniquement nos droits en tant que travailleurs qui sont menacés ; une intervention de l’UNESCO pour défendre la liberté syndicale permettra également de protéger le patrimoine culturel essentiel d’Angkor. »


Pour la version anglaise cliquer ici pour la plainte et ici pour la lettre jointe à la plainte..