29 January 2025
Défendre la démocratie : l'IBB condamne la loi martiale en Corée du Sud et salue la résistance des travailleurs
L'Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (IBB) condamne fermement la déclaration de loi martiale du président sud-coréen Yoon Suk-yeol, qui sape les fondements démocratiques laborieusement construits par le peuple coréen et rappelle la sombre histoire des régimes autoritaires. Cet acte régressif apparaît comme une tentative désespérée du président Yoon de s'accrocher au pouvoir alors que l'opinion publique est de moins en moins favorable et que les dissidents sont de plus en plus nombreux.
La justification de la loi martiale par le président Yoon manque de crédibilité et constitue une manœuvre politique calculée plutôt qu'une réponse à une véritable menace. Cette déclaration est la dernière d'une série d'assauts contre la démocratie et les libertés civiles par son administration. Depuis son entrée en fonction en 2022, le gouvernement de Yoon s'en est pris sans relâche au mouvement syndical par des enquêtes, des arrestations arbitraires, des détentions de dirigeants syndicaux et des réformes législatives visant à criminaliser les activités syndicales légitimes. Les grèves et les manifestations pacifiques ont fait l'objet d'une répression violente, avec notamment la mise en place d'un groupe de travail visant explicitement à supprimer l'organisation des syndicats.
La Confédération coréenne des syndicats (KCTU), ainsi que l'affilié de l'IBB, KFCTIU, ont joué un rôle de premier plan dans la résistance à cette mesure autoritaire, en lançant une grève générale illimitée pour exiger l'abolition de la loi martiale, la démission du président Yoon, des réformes sociales et la réalisation de la souveraineté du peuple. KCTU a mobilisé ses membres dans tout le pays dans le cadre d'actions d'urgence, demandant que justice soit faite et que des comptes soient rendus pour qu’on reconnaisse ce crime d'insurrection.
Dans une puissante démonstration de démocratie, l'Assemblée nationale a voté à l'unanimité l'annulation de l'ordre de loi martiale, par 190 voix contre zéro, obligeant le président à annuler l'ordre à la suite d'une réunion du cabinet. Le retrait rapide des troupes souligne la force de l'action collective et la résilience des institutions démocratiques de la Corée du Sud.
"Le peuple coréen a enduré d'immenses souffrances et consenti d'importants sacrifices pour construire sa démocratie. Les événements tragiques du soulèvement de Gwangju nous rappellent le courage de ceux qui ont donné leur vie pour la liberté", a déclaré Ambet Yuson, secrétaire général de l'IBB. "La déclaration de la loi martiale d'hier a mis en évidence la fragilité de la démocratie, mais les actions intrépides et sans compromis du peuple coréen, y compris sa mobilisation pour défendre la démocratie, ont inspiré le monde entier. La démocratie est fragile, mais résiliente, et lorsqu'elle est unie, le peuple peut sauvegarder ses libertés".
L'IBB félicite les législateurs sud-coréens qui ont agi rapidement pour défendre la démocratie, les milliers de personnes qui se sont mobilisées tard dans la nuit et les courageux syndicats qui ont déclaré une grève générale illimitée pour demander des comptes au président Yoon. Nous soutenons pleinement les syndicalistes sud-coréens dans leurs appels à la responsabilité et à la justice, car le président a manqué à son devoir fondamental de protéger la démocratie et de défendre la souveraineté du peuple.
En ce moment critique, la démocratisation réussie de la Corée du Sud depuis les années 1980 continue d'inspirer les nations de l'Asie de l'Est et du Sud-Est, en particulier dans un contexte de montée de l'autoritarisme et du populisme de droite. L'IBB est solidaire des syndicalistes sud-coréens, de la société civile et de tous ceux qui luttent pour la démocratie. Elle appelle l'armée sud-coréenne à respecter le lprocessus démocratique du pays et la communauté internationale à soutenir la lutte des travailleurs sud-coréens pour sauvegarder des libertés durement gagnées. #