12 February 2025
PALESTINE : LES TRAVAILLEURS VEULENT LA RECONSTRUCTION, PAS L'EXPULSION
L'Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (IBB), qui représente 12 millions de travailleurs des secteurs de la construction, des matériaux de construction, du bois et de la sylviculture affiliés à 351 syndicats dans 117 pays, rejette fermement la proposition de déplacer de force les Palestiniens de Gaza et se montre solidaire de son affilié, la branche construction de la Fédération générale palestinienne des syndicats (PGFTU), en exigeant le droit des travailleurs palestiniens à reconstruire leurs maisons, leurs communautés et leur avenir sur leur propre terre.
Le conflit dévastateur a causé des dizaines de milliers de morts et laissé des milliers de travailleurs de la construction sans emploi, détruisant les moyens de subsistance et provoquant une grave insécurité financière, une détresse économique et des difficultés généralisées. Le gel de l'emploi imposé par Israël depuis le 7 octobre a privé plus de 150 000 travailleurs palestiniens de leur emploi et de leur salaire, plongeant des familles entières dans la pauvreté. Alors que Gaza est en ruines et que la Cisjordanie est confrontée à l'étranglement économique, les travailleurs palestiniens sont poussés sur la voie de l'exclusion, de la marginalisation économique et de la dépossession.
Cette crise exige un cessez-le-feu durable, non seulement pour mettre fin à la violence, mais aussi pour permettre le travail urgent de reconstruction et de redressement. Sans un engagement en faveur d'une paix durable, les travailleurs palestiniens resteront prisonniers d'un cycle de destruction et de déplacement, incapables de reprendre leur travail ou de reconstruire leur communauté.
Alors que 80 % des bâtiments de Gaza sont réduits à l'état de ruines, le président de la PGFTU, Shaher Saad, a condamné les déclarations du président américain
"Chaque Palestinien qui se tient sur sa terre est comme une montagne : enraciné, immobile et inébranlable. La déportation forcée de notre peuple est une conspiration qui ne passera pas. Il ne s'agit pas seulement d'une attaque contre Gaza, mais d'une politique de famine qui vise tous les travailleurs palestiniens, de Gaza à la Cisjordanie.
Notre peuple a lutté pendant des décennies et nous ne serons pas réduits à une main-d'œuvre en exil. Les travailleurs palestiniens doivent être au centre de la reconstruction, et non pas chassés de leur terre".
Le déplacement forcé des Palestiniens constituerait non seulement une violation du droit international, mais aussi une atteinte directe aux droits des travailleurs. Tout travailleur, quelle que soit sa nationalité, a droit à un travail décent, à un salaire équitable et à la possibilité de subvenir aux besoins de sa famille. La destruction des moyens de subsistance des Palestiniens, parallèlement à la destruction physique de leurs communautés, est un acte délibéré de guerre économique.
Le secrétaire général de l'IBB, Ambet Yuson, a réaffirmé l'engagement de l'IBB :
"Les travailleurs palestiniens veulent reconstruire, pas partir. Les déplacer de force serait un crime contre l'humanité. Le mouvement syndical international du bâtiment et de la construction rejette cette proposition et exige la justice, non seulement en paroles, mais aussi en actes.
Nous nous joignons à la PGFTU pour exiger des protections immédiates pour les travailleurs palestiniens, leurs moyens de subsistance et leur droit à être les bâtisseurs de leur propre avenir. Sans un cessez-le-feu durable et une paix juste, les travailleurs ne pourront jamais reprendre leur travail et reconstruire ce qui a été détruit".
Le chemin vers la paix dans la région ne peut être construit sur l'exil forcé, mais sur la justice, la reconstruction et le droit des travailleurs à restaurer leurs communautés. Nous appelons la communauté internationale, les gouvernements et les syndicats du monde entier à :
- Garantir un cessez-le-feu immédiat et durable pour permettre la reconstruction et la stabilité.
- Rejeter tout projet de déportation forcée des Palestiniens de Gaza.
- Rétablir le droit des travailleurs palestiniens à l'emploi et aux salaires.
- Garantir l'intégration des travailleurs palestiniens dans le processus de reconstruction.
- Demander des comptes aux responsables de la violation systématique des droits des travailleurs dans le cadre des procédures en cours à l'Organisation internationale du travail (OIT).
Les travailleurs palestiniens ne sont pas des victimes passives ; ils sont l'épine dorsale de la reconstruction de Gaza et de l'économie palestinienne. Ils ne cherchent pas à être déplacés, ils exigent le droit de reconstruire, de travailler et de vivre dignement dans leur patrie
Le seul véritable avenir de Gaza n'est pas l'exil, mais la reconstruction et la paix.