21 March 2025

IBB SALUE LE PROJET DE RÉSOLUTION DU CONSEIL ADMINISTRATION DE L'OIT SUR LE MYANMAR, MAIS S'ALARME SUR LE PROJET DE MISSION DU BUREAU

L'Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (IBB) se félicite de la décision de la 35eme session du Conseil d'administration de l'Organisation internationale du Travail (OIT) de présenter un projet de résolution sur le Myanmar lors de la prochaine 113e session de la Conférence internationale du Travail (CIT), en vertu de l'article 33 de la Constitution de l'OIT, afin d'obliger les autorités militaires à mettre en œuvre les onze recommandations de la Commission d'enquête de l'OIT (COI).

Cependant, l'IBB exprime sa préoccupation quant à la proposition d'"envisager l'envoi d'une mission du Bureau pour examiner les mesures prises par les autorités militaires pour mettre en œuvre les 11 recommandations de la Commission d'enquête". Bien que présentée comme une évaluation de la volonté d'engagement du régime, une telle mission risque de légitimer les autorités militaires et de saper l'esprit et l'efficacité de la prochaine résolution.

La junte militaire a l'habitude bien documentée de manipuler les plateformes institutionnelles pour fabriquer du "dialogue social", établir de "faux syndicats" et coopter des organismes contrôlés par l'État, tels que la Commission nationale des droits de l'homme du Myanmar, qui s'est vue retirer son accréditation par l'Alliance mondiale des institutions nationales des droits de l'homme", a déclaré Ambet Yuson, secrétaire général de l'IBB. "Toute mission proposée par le Bureau doit garantir un processus de vérification crédible et transparent. Elle ne doit pas conférer de légitimité à des acteurs complices de violations des droits de l'homme".

Phyo Sandar Soe, président adjoint de l'IBB, s'est fait l'écho de ces préoccupations : "L'OIT doit procéder avec une extrême prudence. Toute mission, si elle est entreprise, doit être strictement technique, de portée limitée et totalement transparente. L'engagement doit être limité à des partenaires sociaux représentatifs véritablement indépendants, démocratiquement et librement élus, tels que la Confédération des syndicats du Myanmar (CTUM), et doit exclure les entités soutenues par la junte. Tout processus qui confère une légitimité, même tacite, à la façade de respect des règles par les militaires trahirait les victimes et contreviendrait à l'objectif principal de la résolution au titre de l'article 33. Les gestes symboliques ne doivent pas remplacer des actions significatives".

Elle a également insisté sur ce point : "Toute mission de l'OIT doit également comporter des garanties solides, assurer la protection des travailleurs et des victimes et éviter absolument tout contact avec les structures soutenues par l'armée. Elle ne doit pas affaiblir la force de la résolution ou être utilisée comme une tactique de retardement".

"La résolution doit être adoptée sans obstruction et le monde ne doit pas rester silencieux. C'est le moment de se placer du bon côté de l'histoire".

Néanmoins, Ambet Yuson, secrétaire général de l'IBB, a réaffirmé l'importance du projet de résolution : "Ce projet de résolution représente un moment charnière pour l'OIT et le mouvement syndical mondial. S'il est adopté par la CIT, il ouvrira la voie à des mesures internationales plus fortes - y compris des sanctions économiques et commerciales - ciblant les industries du bois et les industries extractives qui soutiennent le régime de la junte. Le précédent est clair : en 2000, l'invocation réussie de l'article 33 a contraint le régime militaire du Myanmar de l'époque à prendre des mesures tangibles pour réduire le travail forcé. Nous devons maintenant agir avec la même détermination.

L'IBB appelle tous les États membres de l'OIT, les Fédérations syndicales internationales et les syndicats à soutenir la résolution sur le Myanmar et à mobiliser leurs membres et leurs gouvernements pour qu'ils votent en faveur de son adoption lors de la 113eme Conférence internationale du Travail. Le monde doit agir de manière décisive et sans délai.