Pour marquer le deuxième anniversaire de la ratification de la Convention n° 190 de l'OIT sur la violence et le harcèlement et le premier anniversaire de son entrée en vigueur, l'Internationale  des Travailleurs du Bâtiment et du Bois (IBB) et le Syndicat des Travailleurs de la Construction, de l'Industrie et du Design de Macédoine (SGIP) ont organisé un atelier en ligne pour les femmes dirigeantes et responsables syndicales sur le thème « C190 et R206 de l'OIT – Les syndicats en action : des pas en avant pour le changement ». Les participants ont réfléchi aux progrès et aux défis liés à la mise en œuvre de la convention en Macédoine du Nord, notant que, bien qu'un an se soit écoulé depuis qu'elle est devenue juridiquement contraignante, sa mise en œuvre pratique reste très limitée. 

Les participantes ont fait remarquer que si la loi macédonienne contre le harcèlement sur le lieu de travail, adoptée en 2013, est antérieure à la ratification de la Convention C190 de l'OIT, elle n'a pas encore été révisée pour être alignée sur les dispositions de la convention. Il est encourageant de constater que d'ici la fin 2025, le gouvernement prévoit de créer un groupe de travail avec la participation des syndicats afin d'entamer le processus d'harmonisation juridique. Les femmes syndicalistes ont également exprimé leur inquiétude face à la prévalence croissante de la violence domestique. Ce sujet est devenu un thème central du débat public, tout en soulignant que la violence et le harcèlement sur le lieu de travail ne font toujours pas l'objet d'un suivi ou d'un signalement systématique, en particulier dans les secteurs à prédominance masculine tels que la construction. 

Si les travailleuses se tournent souvent vers les syndicats de manière informelle pour obtenir des conseils, les plaintes officielles restent rares : au cours des trois dernières années, un seul rapport officiel a été soumis via l'application numérique du syndicat. 

« Malheureusement, dans les secteurs à prédominance masculine comme la construction, la discrimination, la violence et le harcèlement à l'égard des femmes restent presque invisibles », a déclaré Ivana Dimitrova, Présidente du Comité européen des Femmes de l'IBB et Représentante du SGIP Macédoine du Nord. « La plupart des données de recherche se concentrent sur les secteurs où les femmes sont majoritaires, tels que l'éducation et les services, tandis que la construction est souvent perçue comme un secteur sans femme. Il y a peu de femmes dans la construction, et ce pour une raison : beaucoup quittent ce secteur parce qu'elles ne supportent pas la violence et l'environnement discriminatoire sur les chantiers. Si nous ne traitons pas ces questions de manière concrète, pratique et globale, nous ne verrons jamais davantage de femmes entrer ou rester dans ce secteur. » 

L'atelier s'est conclu par un engagement fort des dirigeantes syndicales à travailler collectivement pour lutter contre la violence et le harcèlement sexistes au travail et à mobiliser l'unité syndicale nationale afin de plaider en faveur d'un véritable changement au niveau national.