L’Internationale des Travailleurs du Bâtiment et du Bois (IBB) exprime sa profonde inquiétude et son alarmisme face aux informations relayées par les médias d'État birmans selon lesquelles le ministre des Affaires étrangères de Malaisie, lors de sa visite à Nay Pyi Taw, « s'est engagé à envoyer des équipes d'observation électorale » pour surveiller les élections truquées prévues par la junte. 

L'IBB appelle le gouvernement malaisien à réfuter immédiatement et publiquement cette affirmation dangereuse et mensongère, que la junte utilise pour légitimer son exercice électoral frauduleux. Garder le silence reviendrait à donner de la crédibilité à la propagande du régime ; ce serait une trahison de la lutte du peuple birman pour la démocratie et une moquerie des valeurs démocratiques de la Malaisie elle-même. 

Nous le répétons, le scrutin prévu le 28 décembre n'est pas une élection. Il s'agit d'une mascarade qui se déroulera sous la menace des armes. La junte a interdit les partis politiques qui ont remporté plus de 80 % des sièges au Parlement lors des dernières élections démocratiques et a imposé des lois répressives qui punissent la dissidence de la peine de mort. Le simple fait d'envisager d'observer un tel processus revient à légitimer la tyrannie et constitue une insulte à ses victimes. 

Cette fausse affirmation place également la Malaisie en désaccord avec ses alliés démocratiques. La semaine dernière encore, à Bangkok, les représentants de l'Union européenne, des États-Unis et du Royaume-Uni ont réaffirmé leur rejet collectif des soi-disant élections organisées par la junte  et ont souligné l'urgence d'une solidarité mondiale avec le mouvement pro-démocratique birman. Si elle n'est pas contestée, la déclaration de la junte  risque d'aligner la Malaisie non pas sur ses partenaires démocratiques, mais sur des États parias comme la Russie, la Chine et la Biélorussie, qui soutiennent la brutalité du régime. 

Toute validation diplomatique ne fera qu'encourager la junte à poursuivre son massacre aveugle du peuple birman. Il s'agit d'un régime qui a lancé des frappes aériennes sur des régions sinistrées au lendemain d'un tremblement de terre, violant ainsi son propre cessez-le-feu déclaré. La voie vers la paix ne passe pas par l'approbation des élections truquées de la junte, mais par l'exigence de la fin de ses crimes de guerre, le rétablissement de l'État de droit et la restitution inconditionnelle du pouvoir au gouvernement civil légitimement élu en 2020. 

L’IBB exige que le gouvernement malaisien prenne deux mesures immédiates : 

• Publier une déclaration publique réfutant la fausse affirmation de la junte selon laquelle la Malaisie enverra des observateurs électoraux. 
• Déclarer sans équivoque que la Malaisie, en tant que présidente de l'ASEAN, ne reconnaîtra ni ne légitimera les élections illégales et frauduleuses de la junte. 

L’IBB et le mouvement syndical mondial soutiennent fermement le peuple du Myanmar. Nous attendons de tous les gouvernements démocratiques et légitimes qu'ils fassent de même.